Mercredi 18 mars 2020 à midi, le Conseil National de Sécurité annonçait officiellement le confinement presque total, dans le but de diminuer les contacts physiques entre les individus, et d’ainsi minimiser les risques de contagion du Covid-19. Les entreprises et associations étaient désormais contraintes d’organiser du télétravail (pour celles qui le pouvaient du moins), et les citoyens étaient invités à rester chez eux, sauf pour les déplacements relevant de la première nécessité.
Près de 7 semaines plus tard, la Belgique entame la première phase de son plan de déconfinement. Le temps du retour à la normale semble encore loin.
Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent – sur fond d’autres crises non moins alarmantes – , l’équipe de l’Université Populaire d’Anderlecht a souhaité se doter d’un outil évolutif et participatif, sorte de « carnet de bord » du (dé)confinement, destiné à récolter les témoignages et impressions de ses membres, habitué.e.s et nombreux.ses partenaires, confronté.e.s à ce moment si particulier de notre histoire.
Celles-ci rendront compte des adaptations et des défis auxquels est confrontée l’équipe de l’UPA, en tant qu’association combinant des activités d’éducation permanente et de soutien scolaire, un foyer culturel et une cafétéria sociale. Elles rassembleront les récits et illustrations des multiples acteur.rice.s gravitant autour de notre asbl : bénévoles, visiteurs plus ou moins réguliers, artistes, personnel médical, éducateurs, etc. Toutes celles et ceux, du moins, qui désireront prendre la parole ou le crayon, et livrer un regard sur cette actualité criante. A travers ce médium, nous espérons ouvrir une fenêtre sur les vécus contrastés, les changements et les détresses que cette crise révèle (ou amplifie)… peut-être aussi, sur les espoirs et les utopies qu’elle dessine en creux.
Vous l’aurez compris, nous proposons ici un matériau brut, faits de récits spontanés, de mots récoltés « à chaud ». Le temps nous semble en effet à l’observation, à l’écoute, à la collecte des mille-et-un vécus de l’« ère-Coronavirus ».
Viendra le temps de l’analyse – le temps de l’action.
L’accueil de l’UPA, c’est d’abord un sourire, une discussion, des échanges d’informations et des visites. C’est un travail relationnel qui requiert une présence physique.
Il a été difficile de transposer ce poste en télétravail. Car effectivement, l’UPA est fermée, il n’y a pas d’accueil, le numéro de téléphone est redirigé sur mon portable, mais peu de personnes appellent depuis la fermeture.
J’ai pour tâches d’accueillir, d’informer, d’inscrire les personnes qui veulent devenir membre de l’Université Populaire ou participer aux activités culturelles, mais aussi de dresser des inventaires sur le matériel de location de l’U.P.A., de comptabiliser et de lister le matériel et les fournitures de L’Ortie, notre cafétéria sociale. Ces tâches ne sont pas réalisables en ce moment, car je ne peux pas aller sur place. Il a donc fallu attendre une réunion d’équipe, pour que la direction se rende compte que je n’avais pas vraiment de tâches concrètes à réaliser de chez moi.
Cette réunion fut bénéfique, car elle a permis de soulever l’importance de la prise de contact entre les membres de l’équipe, et celle de maintenir le dynamisme interne comme si rien n’avait changé depuis le confinement. Elle a aussi permis de mettre le doigt sur des points importants qu’on avait moins facilement l’occasion d’aborder durant les heures d’ouverture de l’association.
D’un point de vue logistique, je dispose d’un portable avec une connexion internet à la maison, ce qui fait que je peux continuer à exercer mes tâches normalement. Je participe tous les jours aux réunions d’équipe par vidéoconférence, et je prends note de toutes les informations échangées lors de ces sessions : l’avancement de chaque chargé.e de département (pédagogie, communication, recherche) et les informations personnelles des collègues qui désirent m’en faire part (comment ils se sentent, comment ils vivent le confinement, le télétravail, etc.). Je suis également la directrice Soumaya Mettioui dans toutes ses réunions, et je rédige des comptes rendus. Ma tâche principale pendant le confinement est de récolter un maximum d’informations et de témoignages au sein de l’équipe et auprès des partenaires de l’U.P.A. pour créer un journal de bord qui servira, par la suite, d’outil d’information pour les archives. Je suis aidée par l’ensemble de l’équipe, mais surtout par la directrice Soumaya et Florence, la chargée de recherche de l’UPA.
Au début du confinement, j’étais un peu déboussolée à cause de toutes les récentes nouvelles et de la fermeture brusque de l’UPA. Je ne voyais plus trop l’utilité de mon travail en tant qu’accueillante parce qu’il n’y avait plus d’accueil et je voyais difficilement comment transposer mon poste en télétravail. Mais après les réunions d’équipe et l’expression de mon ressenti, j’ai retrouvé ma place au sein de l’équipe et mon utilité grâce aux nouvelles tâches qui m’ont été léguées.
L’équipe de la maison médicale n’a pas vécu le confinement à 100% : les deux médecins Cecile et Ketty ont continué de travailler tous les jours, et Hannah (l’infirmière) et Cedric (le psychologue) les ont rejointes régulièrement sur place pour les aider. Céline (kinésithérapeute) et Zora (ostéopathe) ne ne travaillaient pas en revanche, leur travail demandant d’être en contact rapproché avec les patients. Les deux accueillantes – Cathy et Colette – ont travaillé à domicile sur les factures et pris contact avec les patients, tout en avançant sur les dossiers à remettre pour la Maison Médicale. L’équipe active se voit régulièrement à travers des réunions Zoom et se tient au courant des avancées de chacun.e.
Cécile explique le fonctionnement de la Maison de Santé en période de confinement :
D’autres solutions sont également en train d’être imaginées et testées à la Maison de Santé:
En ce qui concerne les petits soucis du quotidien, on s’adapte là aussi. Cathy a eu des petits problèmes avec le scanner, qui ont rapidement été réglés, et Cécile a remarqué que les fenêtres gonflaient à cause de la chaleur, mais rien de grave. Cécile explique que l’équipe du cabinet médical aurait besoin d’un robinet supplémentaire pour se laver les mains, mais qu’à l’heure de la distanciation sociale, on peut difficilement se lancer dans des travaux. En attendant, on fait avec les moyens du bord !
Lisa insiste sur le fait qu’elle n’est pas une malade prioritaire : ses allergies continuent, mais de toute manière elle ne sort pas beaucoup, et l’air est meilleur à la maison. Elle termine sur cette note positive : « ça passera, et cette période ne sera bientôt plus qu’un souvenir ».